
[Chronique écrite le 26.11.2025, pour Cybercoachs et Le Nouvelliste] Une recherche du MIT Media Lab, publiée en preprint en juin 2025, et une enquête de l’Université d’Oxford se sont penchées sur les effets de l’IA auprès d’étudiants. Les résultats ont démontré qu’utilisée passivement, l’IA pourrait affaiblir les capacités d’écriture, de mémorisation et de raisonnement, en induisant une réduction significative de l’engagement cognitif.
Et si l’IA rendait les gens stupides ? C’est du moins ce que suggérait l’écho médiatique donné à ces travaux. Alors même que les auteurs indiquent que c’est la manière dont l’outil est utilisé qui détermine son impact. Les chercheurs avaient d’ailleurs explicitement demandé d’éviter l’utilisation de termes sensationnalistes et exagérés comme « stupide », « bête » ou « pourriture cérébrale » lors de la diffusion de leurs travaux.
Le cerveau est un système intrinsèquement dynamique qui se restructure naturellement par l’expérience et l’apprentissage. Sollicité activement, il augmente l’efficacité neuronale pour certaines tâches ; mais délesté passivement de ses fonctions, il risque une atrophie fonctionnelle des capacités moins sollicitées, notamment la concentration profonde et la pensée critique.
Bien que l’IA générative puisse effectivement contribuer à cette atrophie si elle est utilisée comme substitut cognitif plutôt que comme amplificateur, ce n’est toutefois pas une fatalité : elle dépend de la modalité d’usage de l’outil, pas de l’outil lui-même.
L’utilisation de l’IA peut constituer un nouveau type d’entraînement cérébral. Si elle est utilisée comme un amplificateur de la pensée complexe, elle pourrait potentiellement renforcer les capacités d’analyse et de synthèse en réallouant les ressources neuronales vers des processus cognitifs de haut niveau, au détriment des tâches automatisables. Elle peut nous permettre d’acquérir plus de réflexivité et d’améliorer notre capacité de discernement. Elle touche autant à la maïeutique (qui consiste à faire accoucher les esprits de leurs connaissances) qu’au questionnement socratique. Elle représente aussi un socle potentiel pour développer une curiosité épistémique et diversive.
Dans The Conversation, Brian W. Stone, professeur en psychologie cognitive, a écrit que « Les IA génératives ne rendent pas les étudiants paresseux, elles révèlent ce que l’école n’a pas su transformer. »
Erratum, la citation provient du podcast de the Conversation, en référence à l’article (ci-dessous) de Cécile Méadel et Professeure en sciences de l’information et de la communication, Université Paris-Panthéon-Assas et Jaércio da Silva, Maître de conférences en sciences de l’information et de la communication, Université Paris-Panthéon-Assas
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